La semaine professionnelle : Une boussole pour les Ispriciens
L’Amphi 1 grouille de monde en cette après-midi. Théâtre d’un grand rassemblement. Des spécialistes du recrutement, venus du Forum des Ressources Humaines siègent céans. Accoudés sur une table à l’effigie de ISPRIC, ces experts de la gestion du capital humain font face aux étudiants.
Cahiers et sacs en mains, regards fixes, les ISPRICiens semblent attendre les exercices de coaching sur les techniques de recherche d’emploi qui vont commencer d’un moment à l’autre.
Des pas resonnent dans les couloirs qui vibrent. Les apprenants affluent de toute part. Ils arrivent. Encore. Et encore. Une marée humaine a pris d’assaut l’Univers des Experts durant la cette 1ère édition de la semaine professionnelle qui se déroule du 06 au 08 juin 2023.
Sillon de chaises qui remuent au fur et à mesure que les étudiants s’installent.
La salle est pleine à craquer. Ventilos et climatiseurs à l’unisson rafraichissent les lieux. En effet, cette présence massive s’explique par l’importance que revêt cette rencontre avec les vrais connaisseurs des mystères du recrutement. Une occasion unique pour percer les mystères liés à la recherche de l’emploi. Alors, quoi de plus normal que de venir tendre l’oreille afin de recueillir comme une « Bénédiction » la parole sacrée des spécialistes en la matière. D’autant plus que grande est leur expérience dans le tri des dossiers pendant les recrutements.
Leur parole vaut de l’or. Puisqu’elle fait pénétrer dans les arcanes du monde des recruteurs. On y sort muni de barque et de rame pour faire voile vers les rives de l’emploi.
Quelques minutes après, Mamadou HAIDARA, cadre du Forum RH, se lève. Vêtu de veste, il se saisit d’un micro avant de saluer l’assistance. Puis, il présente successivement ses collègues du Forum.
Le CV
La voix forte, le verbe facile et pénétrant, il commence son intervention en expliquant le curriculum vitae. Partisan de la clarté et de l’efficacité dans la communication, HAIDARA compare le cv à une photographie. A ses yeux, de la même manière que la photo reflète fidèlement une image, le cv à son tour montre avec exactitude tout le parcours d’un candidat à une offre d’emploi.
« Dans certains pays, il est interdit de mettre la photo sur le CV. En raison de la ségrégation raciale. Heureusement, nous ne souffrons pas de ce problème au Mali. Vous pouvez donc le mettre si vous le voulez », ajoute-il. Mais, mettre une photo qui vous montre la tête multicolore, ou qui vous dépeint en miss Ispric, cela est fortement déconseillé. Restez naturel, signale-t-il, visage souriant.
Un CV, c’est un document avec plusieurs rubriques. Parmi celles-ci, figurent L’état civil, les expériences professionnelles que le candidat doit remplir avec beaucoup de sérieux et de rigueur.
L’entretien d’embauche
Quant à l’entretien, il a appelé les jeunes à le préparer minutieusement. Ce qui fait rire fait réfléchir, dit-on souvent. C’est du moins cela la stratégie pédagogique de HAIDARA. Point besoin de faire un cours magistral pour impressionner les jeunes avec un style « universitaire. » Sa langue est simple et dépouillée. Son don de l’humour suffit pour que son message soit reçu dans une ambiance hilare.
C’est pourquoi on pouvait entendre, de temps à autre, des éclats de rire mêlés d’applaudissements. La salle éminemment vivante et enthousiaste, rythmée par la voix pleine de l’exposant et la curiosité des Ispriciens. Qui participent activement.
L’orateur, qui a longtemps distrait et ébloui les jeunes par sa large expérience de recruteur, s’apprête à se rassoir. Mais avant, il darde un regard paternel qui contraste avec ses explications frappées du sceau de l’humour. Silencieux, il contemple longuement l’immensité de la salle. « Savez-vous le conseil que je vous donnerai ? Mettez toujours dans vos CV des informations vraies et vérifiables. Ne vous trompez jamais en faisant un CV. », affirme-t-il avec un calme religieux.
En parlant de l’entretien, il utilise la métaphore du fleuve. « Doit-on se jeter à l’eau sans savoir nager ? », interroge-t-il l’assistance.
En chœur, les étudiants tonitruent avec un « non » assourdissant, caverneux.
Le mot de l’énigme, c’est bien la préparation. « Il faut toujours faire des recherches afin d’avoir beaucoup d’informations sur la structure qui doit vous recevoir dans un entretien », affirme-t-il.
Autre élément extrêmement important : la ponctualité. A ce niveau, il imagine un exemple. « Vous avez un entretien à 10 heures à Sotuba. Vous logez à Kalaban Coura. Et vous attendez 9 heures pour prendre le départ. Vous serez forcement en retard », note-t-il.
Pour lui, l’ampleur des bouchons à Bamako fait que tout candidat à un entretien doit quitter très tôt son domicile. L’embouteillage sur les ponts liant les deux rives donnent chaque jour du fil à retordre aux usagers de la circulation. « Si vous avez un contrat avec la Brigade, peut-être que cela vous aiderait à traverser aisément », renchérit-il pour faire marrer derechef.
Un tourbillon d’ovations l’acclame. Il marche vers sa chaise avec toute l’estime des jeunes visiblement satisfaits.
Le micro revient après aux autres membres du Forum qui abondent dans le même sens que le précédent exposant. L’un d’entre eux pose une question à l’assistance. « Une chauve-souris a pondu un œuf à la frontière entre le Mali et le Sénégal. A quel pays revient l’œuf ? ». D’aucuns disent le Mali. Et certains, le Sénégal. Une autre question suit « Etes-vous sûrs que la Chauve-Souris pond des œufs ? », demande-t-il.
Le public part d’un éclat de rire. En réalité, à beaucoup avait échappé, par inadvertance, que la chauve-souris appartienne à la classe des mammifères.
Le spécialiste a tendu ce piège pour montrer combien l’entretien peut être intriguant, déstabilisant pour le candidat. Le remède miracle, c’est bien la concentration face à des recruteurs. La seule protection contre les traquenards, c’est la lucidité constante.
Il faudra donc rester calme pour dominer son stress. Demeurer flegmatique, comme un long fleuve tranquille tout au long de cette séance avec les futurs collègues. Quelles que puissent être les questions qu’ils poseront, fait-il remarquer.
Après cette phase théorique, place à des simulations d’entretien. Deux étudiants se proposent volontiers pour cet exercice pratique. La première, sourire aux lèvres, avance vers les recruteurs. Mince et élancée, les mains croisées. Elle arrive devant puis s’arrête. Elle attend qu’on lui montre où s’assoir. Une main tendue l’oriente vers une chaise vide. Aussitôt, un pas. Deux autres pas. Et la voilà confortablement assise. Levant des yeux confiants sur le jury auquel elle fait face.
La semaine professionnelle
Rappelons que cette activité s’inscrit dans le cadre de la semaine professionnelle dont la première édition « law, Business, Media et Sales week » . Placée sous le thème « ISPRIC et les organisations : pistes de solutions pour adapter la formation à l’emploi », environ 50 entreprises y ont pris part.
Elle ambitionne de créer un pont entre le monde de la production du savoir et le monde de l’emploi. C’est une circonstance exceptionnelle en ce sens qu’elle permis aux étudiants de rencontrer divers professionnels. Également un moment opportun pour l’univers des experts qui a signé de nouveaux partenariats.
Notamment avec la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), le Forum Ressources Humaines, la Radio Kledu, et Elite Press.