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Les étudiants de ISPRIC en découverte culturelle à Zantiébougou

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Les étudiants de ISPRIC en découverte culturelle à Zantiébougou

Embarquement aux environs de 10 heures à ISPRIC le 27 décembre 2022. Bamako, ville des édifices majestueux et des goudrons, s’estompe progressivement. La cité des lampadaires, du lucre et du vacarme constant disparaît. A sa place, une nature luxuriante, attrayante. Parfois, pas âme qui vive dans cette brousse conquise par l’automobile. Tel un bon nageur qui se pâme dans l’onde, le car s’enfonce dans l’immense verdure. Au loin, arbres, rivières, plaines complotent et lancent à l’unisson un défi à l’intrépide chauffeur. Mais, ils ne seront qu’une interminable procession dont la fugacité est vertigineuse.  La violence des vents frappe les vitres dont le remuement suggère l’âpre bataille que le moteur et les roues mènent contre la distance. Enivrés par l’immensité verdoyante et l’envie ardente de découvrir les profondeurs rurales du Mali, des étudiants en liesse chantent et crient. Cœurs légers, semblables aux ballons entraînés par des forces venteuses, nous partons. Arrivée à Zantiébougou Trois heures ont suffi pour que Zantiéboigou se dévoile à nous. Partiellement, complètement. Le Village de braves cultivateurs bambaras et de laborieuses femmes dont les mains robustes extraient le beurre des noix rudes du karité. Bakari Doumbia, enseignant à la retraire, est notre hôte. Professeur de bio-chimie blanchi sous le harnais, Doumbia préserve une santé de fer. Sa grande passion, c’est partager son expérience avec les jeunes. Ce faisant, contribuer à la réalisation d’un lendemain meilleur.   Il nous donne gîte, avant que nous n’allions visiter son village. Nouvel embarquement à bord du bus. Une bifurcation nous met sur une sente vicinale. Les herbes toujours vertes sont le signe de la richesse prodigieuse des terres de Zantiébougou. L’hivernage a aussi été pluvieux. D’après un jeune de la localité, jamais les écluses du ciel n’ont été aussi béantes. Quelques mètres parcourus, nous voilà devant la Coopérative des productrices de beurre de karité de Zantiébougou (COPROKAZAN). A l’intérieur des marmites noircies par la combustion vive des bois. Elles sont posées sur des foyers.  Dans cette coopérative, environ 15 hommes travaillent parmi plus de 1500 femmes. Le professeur Ibrahim Ndiaye, responsable de l’excursion, salue les responsables de la structure puis leur explique l’objectif de notre voyage. Drissa Dao en est le gestionnaire. « Voilà mes collègues. Safiatou Koné, Korotoumou Mariko », présente-t-il. Aussitôt, Issa Ndiaye, si versé dans la tradition malienne, sort le carquois du cousinage à plaisanterie et se met à lancer des flèches amusantes. Sourire aux lèvres, le Professeur se dit heureux d’apprendre que ces patronymes ne soient pas Traoré ou Dembélé. Nous avons été introduits dans le magasin de stockage. A l’intérieur, des sacs remplis de noix de karité sont superposés. Safiatou Koné plonge sa main dans un sac ouvert et présente des graines du karité. Une dame de fer. Passionnée par la production du beurre de karité. Safiatou ne passe pas par quatre chemins :  elle parlera son bambara authentique à ce public ispricien. « Nous les femmes de Zantiébougou nous passons des heures l’échine pliée pour battre les noix de karité. Nous décortiquons les noix de karité. Nous les ramassons. Nous les faisons sécher au soleil. Après, nous vendons les amendes de karité à la coopérative. Nous sommes présentes dans toute la chaîne de production », informe-t-elle. Histoire du village Visite chez le chef du village Drissa Doumbia. A l’entrée une dame éprouve du plaisir à donner des coups de pilon à des feuilles de baobab posées au fond d’un mortier. Elle pilonne avec automatisme. Chaque coup s’accompagne d’une mélopée bambara. Des chiens gisent endormis pendant que des poules becquètent près d’un poulailler. Au milieu, un manguier.  Assis sur une chaise, les étudiants de ISPRIC environnent le chef du village. « Nous sommes très contents de vous recevoir à Zantiébougou. Vous êtes chez vous », affirme-t-il, avant de se plonger dans l’histoire de la fondation village. C’est un cours de toponymie que le chef offre aux jeunes ispriciens. Zantiébougou est vieux d’au moins quatre siècles. Il a été fondé par un chasseur du nom de Zan. « Le nom originel de notre village : est Zankabougou. Qui signifie en français : la case de Zan. Le nom Zantiébougou date de l’époque coloniale » précise-t-il. Retour au logis avec les bénédictions du vieux Drissa Doumbia. C’est le crépuscule. Le soleil se meurt. Moment idéal pour certains amoureux du foot de consacrer quelques minutes aux divinités du sport roi. Nuit rythmée Bientôt, la nuit vaste et ténébreuse enveloppe le village. Un groupe électrogène vrombit et brise le silence de la nuit à travers des matériels de sonorisation activés. Il communique son énergie à des lampes desquelles jaillit de la lumière. Là-haut, le couvercle du ciel scintille de ternes étoiles. Leurs lueurs insuffisantes pour illuminer à suffisance cet empire nocturne. De la musique et de la danse avant toute chose. Pour animer la soirée, l’artiste Seydou Koné, la légende du « mbolon » , un instrument à corde dont les sons parlent aux champions de la daba en milieu bambara. Le mbolon, à travers ses notes graves et mélancoliques, célèbrent les cultivateurs bambaras qui savent blesser la terre pour y enfouir des graines vivrières. Le mbolon se joue aussi pour escorter les champions de la daba depuis les champs jusqu’au village. A côté de Seydou Koné, un autre musicien fait pleuvoir des coups secs sur un minuscule tam-tam. Pendant qu’une dame produit des mélodies envoûtantes grâce au frottement de deux bouts de fer. Le public, composé d’ispriciens et des gens du village, a formé une arène dans laquelle flamboient des bois. Le chansonnier pousse par moments des cris similaires à ceux des agriculteurs bambaras fendant les entrailles de la terre. L’ambiance est devenue magique. L’arène n’est plus qu’un théâtre envahi par des danseurs. Nos étudiants, emportés par les notes et la voix surnaturelles de Seydou Koné, se sont métamorphosés. Maintenant, ils rivalisent d’ardeur dans les pas danse. Toute la nuit sera marquée par la rythmique du mbolon. Le lendemain, une activité du club AUF de ISPRIC. Nous avons procédé à la plantation d’arbres au niveau des familles. Ce sera aussi l’occasion de sensibiliser les gens sur les pratiques nuisibles à l’environnement. La Fondation ISPRIC fera également des dons de cahiers et d’une somme symbolique à l’Ecole fondamentale de Zantiébougou. Vers 16 heures, nous avons pris le chemin du retour.